L’histoire de l’enregistrement des 4 derniers titres pour finir l’album « oubliez les heureux »

5 avril. J’arrive à Alzac vers 16h. Marc Champod (the boss des machines), Fabien Sevilla (the boss de la basse) et Patrick Dufresne (the boss de la batterie) y sont déjà et ont fait une 1ère prise d’un des 4 morceaux qu’on doit mettre en boîte durant ces 4 prochains jours: « j’voudrais pas crever ».  On discute d’une ou deux petites choses et ils refont deux ou trois prises. C’est un morceaux d’un peu plus de 7 minutes avec un tempo bien lourd et pas évident mais comme toujours nos deux compères la jouent d’une traite. Je dis « comme toujours », mais je n’en reste pas moins impressionné comme toujours.

Ensuite Patrick nous laisse pour aller jouer deux morceaux en live à la radio. Nous, pendant ce temps, on fait des claps (deux fois 7 minutes de clap, autant dire qu’on a le temps de s’emmerder sec, mais on se fait mutuellement marrer donc ça va, du coup il y a un ou deux coups de claps un peu à côté de la plaque, surtout sur la fin quand Fabien faisait semblant de regarder l’heure à une montre fictive à son poignet entre chaque clap).  Je me rends compte à la fin de la 1ère prise de claps que je nous ai pas fait clapper au bon endroit rythmiquement, mais c’est pas trop grave vu que l’intervalle entre les claps est juste, Marc n’a qu’à déplacer tout ça d’un temps (ou deux je sais plus, j’a jamais été fort en temps bordel; pourtant ça n’a pas l’air si compliqué 1,2,3,4… mais si, si, c’est compliqué!).

Patrick nous rejoint vers 20h30, on est en train de manger thaï, Fabien n’a pas trop aimé son plat, mais Marc et moi oui (comment ça « on s’en fout! »?). On retourne bosser, quand je dis « on » je veux bien sûr dire « ils », moi je fous rien: j’écoute et je prends mon pied. Ils mettent le 2e titre « au loin la ville  » en boîte, avec un feeling à couper le souffle, comme toujours (je vais arrêter avec les « comme toujours », ça m’fatigue). Il commence à se faire tard et on hésite un peu à faire quelques choeurs, mais finalement on se lance et on fait plein de choeurs sur « j’voudrais pas crever » (répété en boucle à la fin du morceau… l’un de nous persiste à dire « j’voudrais pas crier » – je ne dirai pas que c’est Patrick, je ne suis pas une balance, ça contamine Marc qui s’y met aussi, mais finalement on s’en sort). Pat remarque au passage l’allusion à Boris Vian, ce qui me fait plaisir.

6 avril. Je suis un peu en retard, on avait dit 10h bordel, et j’arrive à 10h15, Pat est déjà derrière sa batterie, Fab derrière sa basse et Marc derrière sa table de mix. Ils bossent déjà quoi. Il y a un petit moment de flottement pour savoir comment on va s’y prendre pour le dernier: « on m’aime » (le 4e, « astrosong », ils ne jouent pas dessus, c’est de la programmation pour changer un peu). C’est un assez long morceau aussi (un peu plus de 7mn.) et la rythmique de ma maquette est un doux mélange de batterie et percu. Moi je ne me fais pas trop de souci, parce que j’ai confiance et je sais qu’à la fin, avec eux, je suis toujours content. Donc je laisse faire. On tâtonne un peu et Patrick finit par trouver comment s’y prendre pour combiner tout ça en un seul rythme de batterie (auquel il ajoutera un peu de percu quand même: 7minutes de maracas et 7 minutes de..euh…je ne sais pas… »d’oeuf », autant dire que les claps à côté de ça c’est un pur bonheur!). On est tous super content (je l’avais dit). Pat me dit qu’on a inventé un truc, une espèce de latino-grunge, dit-il, et je suis très enthousiaste parce que c’est vraiment ce que je cherchais à faire. Comme j’ai déjà dit une fois ailleurs, je crois fortement que « la nouveauté » en musique viendra surtout de mélanges, et là je crois que c’est ce qu’on a fait.

On a un peu débordé dans le temps et du coup quand Laurent Poget (the boss des guitares) arrive, on doit encore faire les choeurs et les claps sur « on m’aime ». Je suis un peu gêné parce que c’est la 1ère fois que je rencontre Laurent et qu’après « salut ça va », la 1ère chose que je vais lui dire c’est « euh ça te dit de faire des choeurs et des claps avec nous? ». Mais comme il est très gentil et super cool, ça lui dit bien ! Yea. On repart donc pour 7 minutes de claps, puis pour deux ou trois tours du choeurs sur la fin.

Fabien et Patrick ont fini leur boulot et restent un petit moment pour écouter jouer Laurent et pour voir comment « on m’aime » prend forme. C’est la 1ère fois que je travaille avec Laurent et tout ce que je sais de lui c’est ce que Marc m’a dit au téléphone il y a quelques semaines « si tu cherches toujours qqn pour les guitares, je viens d’avoir Laurent Poget là pour une session, il faut absolument le prendre! »… Et ben mes amis, on a pas été déçu… Après avoir posé les parties rythmiques en deux temps trois mouvements, il nous a fait deux solos de wha-wha monumentaux, le second qui m’a laissé totalement pantois. Evidemment j’étais conquis et la partie guitare s’est déroulée comme les parties de basse et de batterie: dans une sorte de douce magie envoûtante et enthousiasmante. Laurent va tellement vite que quand il me dit « et maintenant…? », je n’ai pas eu le temps de réfléchir à ce que j’allais lui demander de jouer ensuite et je me retrouve perdu dans mes feuilles a lui dire « alors maintenant, attends…euh…attends… ». C’est cool.

Normalement je devrais commencer les voix, mais ça fait trois jours que je suis malade et ce n’est pas possible, bordel, c’est toujours comme ça, tu te réjouis d’un truc, t’es en pleine forme les semaines qui précèdent et hop au moment où ça arrive, t’es malade…grrr.

7 avril. On se retrouve vers midi pour quelques petits riffs/solos d’harmonica par Jean Duperrex (the boss de l’harmonica), avec qui j’avais déjà travaillé sur les abandonnés. Tout se passe à merveille et la chose est vite en boîte. Ca fait plaisir de retrouver Jean, même si on ne s’est croisé qu’une petite heure ce jour-là. Puis Laurent revient pour finir les guitares. Tout se passe merveilleusement bien encore une fois. A la fin, j’ai juste une hésitation sur le 1er solo de wha-wha qui est parfait, mais je voulais le dégueulasser un peu plus sur le fin, lui donner un peu plus de masse salie… Laurent me dit, « je vois très bien ce que tu veux dire » et hop le problème est réglé. Je ne témoignerai jamais suffisamment ma reconnaissance à Marc, Patrick, Fabien et, pour la 1ère fois et j’espère pour de nombreuses fois dans le futur, à Laurent pour des choses de ce genre: comprendre ce que j’ai en tête et me le donner, et si souvent me le donner au-delà de mes espérances. Rhââaaa, ça fait du bien.

Laurent s’en va et c’est Marc qui se met au piano. Il y a un peu de piano en effet sur « au loin la ville », j’aurais pu le faire bien sûr, mais j’avais vraiment envie que Marc soit aussi un des musiciens sur l’album; lui qui m’accompagne pour les concerts, j’avais envie que ce soit lui sur le disque aussi. J’étais très content quand il m’a dit qu’il était d’accord. Marc s’acquitte donc de sa tâche avec finesse et délicatesse et « au loin la ville » est finie instrumentalement parlant et est vraiment très belle.

8 avril. Dernier jour déjà. On se retrouve à midi avec Denis Tercier (the boss de la trompette). C’est la 1ère fois que je travaille avec Denis que Marc connaît bien et qu’il m’a recommandé. C’est amusant parce que dans le morceau on a une sorte de petite engueulade trompette/voix et mon personnage finit par l’insulter à moitié. Mais ça fait marrer Denis, alors ça va. Là encore, le même plaisir de travailler avec quelqu’un qui maîtrise son instrument et qui comprend bien ce que j’ai en tête. On se marre bien sur le 1er solo et il m’éblouit sur le 2e (plus sérieux).

L’instrumental des morceaux est dans la boîte. Comme c’est le 1er jour où je n’ai pas mal à la gorge et où je me sens en forme, on attaque donc les voix sur « on m’aime ». J’ai fini la lead, tout le reste est encore à faire et il y a pas mal de boulot, mais je me réjouis.

Merci les gars pour ces 4 jours de rêve.